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DES POÈMES ALLEMANDS

CHAPITRE XII.

Des poëmes allemands.


On doit conclure, ce me semble, des diverses réflexions que contient le chapitre précédent, qu’il n’y a guère de poésie classique en Allemagne, soit qu’on considère cette poésie comme imitée des anciens, ou qu’on entende seulement par ce mot le plus haut degré possible de perfection. La fécondité de l’imagination des Allemands les appelle à produire plutôt qu’à corriger ; aussi peut-on difficilement citer, dans leur littérature, des écrits généralement reconnus pour modèles. La langue n’est pas fixée : le goût change à chaque nouvelle production des hommes de talent ; tout est progressif, tout marche, et le point stationnaire de perfection n’est point encore atteint ; mais est-ce un mal ? Chez toutes les nations où l’on s’est flatté d’y être parvenu, l’on a vu presque