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LA LITTÉRATURE ET LES ARTS

le caractère d’un tableau aussi frappant par le coloris que par la ressemblance. Le charme pénétrant des poésies de Salis fait aimer leur auteur, comme si l’on étoit de ses amis. Tiedge est un poëte moral et pur, dont les écrits portent l’âme au sentiment le plus religieux. Enfin une foule de poëtes devroient encore être cités, s’il étoit possible d’indiquer tous les noms dignes de louange, dans un pays où la poésie est si naturelle à tous les esprits cultivés.

A. W. Schlegel, dont les opinions littéraires ont fait tant de bruit en Allemagne, ne se permet pas dans ses poésies la moindre expression, la moindre nuance que la théorie du goût le plus sévère pût attaquer. Ses élégies sur la mort d’une jeune personne, ses stances sur l’union de l’église avec les beaux-arts, son élégie sur Rome, sont écrites avec la délicatesse et la noblesse la plus soutenue. On n’en pourra juger que bien imparfaitement par les deux exemples que je vais citer ; ils serviront du moins à faire connoitre le caractère de ce poëte. L’idée du sonnet, l’Attachement à la terre, m’a paru pleine de charme.

« Souvent l’âme, fortifiée par la contemplation