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DE LA POÈSIE ALLEMANDE

des choses divines, voudroit déployer ses ailes vers le ciel. Dans le cercle étroit qu’elle parcourt son activité lui semble vaine, et sa science du délire ; un désir invincible la presse de s’élancer vers des régions élevées, vers des sphères plus libres ; elle croit qu’au terme de sa carrière un rideau va se lever pour lui découvrir des scènes de lumières : mais quand la mort touche son corps périssable, elle jette un regard en arrière vers les plaisirs terrestres et vers ses compagnes mortelles. Ainsi, lorsque jadis Proserpine fut enlevée dans les bras de Pluton, loin des prairies de la Sicile, enfantine dans ses plaintes, elle pleuroit pour les fleurs qui s’échappoient de son sein. »

La pièce de vers suivante doit perdre encore plus à la traduction que le sonnet ; elle est intitulée Mélodies de la vie : le cygne y est mis en opposition avec l’aigle, l’un comme l’emblème de l’existence contemplative, l’autre comme l’image de l’existence active : le rhythme du vers change quand le cygne parle et quand l’aigle lui répond, et les chants de tous les deux sont pourtant renfermés dans la même stance que la rime réunit : les véritables beautés de l’harmonie se trouvent aussi dans cette pièce, non l’harmonie