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DE L’ALLEMAGNE

l’enthousiasme. Ces divers sujets se mêlent nécessairement les uns avec les autres. Le caractère national influe sur la littérature ; la littérature et la philosophie sur la religion ; et l’ensemble peut seul faire connoître en entière chaque partie ; mais il falloit cependant se soumettre à une division apparente pour rassembler à la fin tous les rayons dans le même foyer.

Je ne me dissimule point que je vais exposer, en littérature comme en philosophie, des opinions étrangères à celles qui règnent en France ; mais soit qu’elles paroissent justes ou non, soit qu’on les adopte ou qu’on les combatte, elles donnent toujours à penser. « Car nous n’en sommes pas, «j’imagine, à vouloir élever autour de la France littéraire la grande muraille de la Chine, pour empêcher les idées du dehors d’y pénétrer »[1].

  1. Ces guillemets indiquent les phrases dont les censeurs de Paris avoient exigé la suppression. Dans le second volume ils ne trouvèrent rien de répréhensible ; mais les chapitres du troisième sur l’Enthousiasme et surtout la dernière phrase de l’ouvrage n’obtinrent pas leur approbation. J’étois prête à me soumettre à leurs critiques d’une façon négative, c’est-à-dire en retranchant sans jamais rien