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DE L’ALLEMAGNE

joie les consolations religieuses que leur offroit cette douce mélodie.

Les pauvres Bohèmes, alors qu’ils voyagent suivis de leurs femmes et de leurs enfants, portent sur leur dos une mauvaise harpe, d’un bois grossier, dont ils tirent des sons harmonieux. Ils en jouent quand ils se reposent au pied d’un arbre sur les grands chemins, ou lorsqu’auprès des maisons de poste ils tâchent d’intéresser les voyageurs par le concert ambulant de leur famille errante. Les troupeaux, en Autriche, sont gardés par des bergers qui jouent des airs charmants sur des instruments simples et sonores. Ces airs s’accordent parfaitement avec l’impression douce et rêveuse que produit la campagne.

La musique instrumentale est aussi généralement cultivée en Allemagne que la musique vocale en Italie ; la nature a plus fait à cet égard, comme à tant d’autres, pour l’Italie que pour l’Allemagne ; il faut du travail pour la musique instrumentale, tandis que le ciel du midi suffit pour rendre les voix belles : mais néanmoins les hommes de la classe laborieuse ne pourraient jamais donner à la musique le temps qu’il faut pour l’apprendre, s’ils n’étoient organisés pour la savoir. Les peuples naturellement musiciens