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Page:De Staël – De l’Allemagne, Tome 1, 1814.djvu/57

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DES MŒURS DES ALLEMANDS

reçoivent par l’harmonie des sensations et des idées que leur situation rétrécie et leurs occupations vulgaires ne leur permettroient pas de connoître autrement.

Les paysannes et les servantes, qui n’ont pas assez d’argent pour se parer, ornent leur tête et leurs bras de quelques fleurs, pour qu’au moins l’imagination ait sa part dans leur vêtement : d’autres un peu plus riches mettent les jours de fête un bonnet d’étoffe d’or d’assez mauvais goût, et qui contraste avec la simplicité du reste de leur costume ; mais ce bonnet, que leurs mères ont aussi porté, rappelle les anciennes mœurs ; et la parure cérémonieuse avec laquelle les femmes du peuple honorent le dimanche a quelque chose de grave qui intéresse en leur faveur.

Il faut aussi savoir gré aux Allemands de la bonne volonté qu’ils témoignent par les révérences respectueuses et la politesse remplie de formalités, que les étrangers ont si souvent tournée en ridicule. Ils auroient aisément pu remplacer, par des manières froides et indifférentes, la grâce et l’élégance qu’on les accusoit de ne pouvoir atteindre : le dédain impose toujours silence à la moquerie ; car c’est surtout aux efforts