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DE L’ALLEMAGNE

CHAPITRE IV.

De l’influence de l’esprit de chevalerie sur l’amour
et l’honneur
.


La chevalerie est pour les modernes ce que les temps héroïques étoient pour les anciens ; tous les nobles souvenirs des nations européennes s’y rattachent. À toutes les grandes époques de l’histoire les hommes ont eu pour principe universel d’action un enthousiasme quelconque. Ceux qu’on appeloit des héros dans les siècles les plus reculés avoient pour but de civiliser la terre ; les traditions confuses qui nous les représentent comme domptant les monstres des forêts font sans doute allusion aux premiers périls dont la société naissante étoit menacée, et dont les soutiens de son organisation encore nouvelle la préservoient. Vint ensuite l’enthousiasme de la patrie : il inspira tout ce qui s’est fait de grand et de beau chez les Grecs et chez les Romains : cet