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Page:De Staël – De l’Allemagne, Tome 2, 1814.djvu/217

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FAUST

dont la raison les a fait sortir, il vient une scène qui se rattache à la situation d’une manière terrible. Les conjurations de la magie font apparoître divers tableaux, et tout à coup Faust s’approche de Méphistophélès, et lui dit : « Ne vois-tu pas là-bas une jeune fille belle et pâle, qui se tient seule dans l’éloignement ? Elle s’avance lentement, ses pieds semblent attachés l’un à l’autre ; ne trouves-tu pas qu’elle ressemble à Marguerite ?

MÉPHISTOPHÉLÈS.

C’est un effet de la magie, rien qu’une illusion. Il n’est pas bon d’y arrêter tes regards Ces yeux fixes glacent le sang des hommes. C’est ainsi que la tête de Méduse changeait jadis en pierre ceux qui la considéroient.

FAUST.

Il est vrai que cette image a les yeux ouverts comme un mort à qui la main d’un ami ne les auroit pas fermés. Voilà le sein sur lequel j’ai reposé ma tête ; voilà les charmes que mon cœur a possédés.

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Insensé ! Tout cela n’est que de la sorcellerie ; chacun dans ce fantôme croit voir sa bien-aimée.