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LA PHIOLOSOPHIE ET LA MORALE

des vérités les plus simples. Le premier, parmi les philosophes de son temps, il a fondé not-e nature intellectuelle toute entière sur le sentiment religieux, et l’on diroit qu’il n’a si bien appris la langue des métaphysiciens et des savants que pour rendre hommage aussi dans cette langue à la vertu et à la Divinité.

Jacobi s’est montré l’adversaire de la philoso, phie de Kant ; mais il ne l’attaque point en partisan de la philosophie des sensations[1]. Au contraire, ce qu’il lui reproche, c’est de ne pas s’appuyer assez sur la religion, considérée comme la seule philosophie possible dans les vérités au-delà de l’expérience.

La doctrine de Kant a rencontré beaucoup d’autres adversaires en Allemagne ; mais on ne l’a point attaquée sans la connoître, ou en lui opposant pour toute réponse les opinions de Locke et de Condillac. Leibnitz conservoit encore trop d’ascendant sur les esprits de ses compatriotes pour qu’ils ne montrassent pas du respect pour ; toute opinion analogue à la sienne. Une foule d’écrivains, pendant dix ans, n’ont cessé de com-

  1. Cette philosophie a reçu généralement en Allemagne le nom de philosophie empirique.