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LA PHIOLOSOPHIE ET LA MORALE

avoit autrefois beaucoup d’erreurs et de superstitions qui tenoient au manque de connoissances ; mais quand, avec les lumières de notre temps et d’immenses travaux individuels, on énonce des opinions hors du cercle des expériences communes, il faut s’en réjouir pour l’espèce humaine, car son trésor actuel est assez pauvre, du moins si l’on en juge par l’usage qu’elle en fait.

En lisant le compte que je viens de rendre des idées principales de quelques philosophes allemands, d’une part, leurs partisans trouveront avec raison que j’ai indiqué bien superficiellement des recherches très-importantes, et de l’autre, les gens du monde se demanderont à quoi sert tout cela ? Mais à quoi servent l’Apollon du Belvedère, les tableaux de Raphaël, les tragédies de Racine ? à quoi sert tout ce qui est beau, si ce n’est à l’âme ? Il en est de même de la philosophie, elle est la beauté de la pensée, elle atteste la dignité de l’homme qui peut s’occuper de l’éternel et de l’invisible, quoique tout ce qu’il y a de grossier dans sa nature l’en éloigne.

Je pourrois encore citer beaucoup d’autres noms justement honorés dans la carrière de la philosophie ; mais il me semble que cette esquisse,