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INFLUENCE DE LA NOUVELLE PHILOSOPHIE.

d’existence distincts ; la végétation, l’irritabilité et la sensibilité. Les plantes, les animaux et les hommes se trouvent renfermés dans ces trois manières de vivre, et si l’on veut appliquer aux individus même de notre espèce cette division ingénieuse, on verra que, parmi les différents caractères, on peut également la retrouver. Les uns végètent comme des plantes, les autres jouissent ou s’irritent à la manière des animaux, et les plus nobles enfin possèdent et développent en eux les qualités qui distinguent la nature humaine. Quoi qu’il en soit, la volonté qui est la vie, la vie qui est aussi la volonté, renferment tout le secret de l’univers et de nous-mêmes, et ce secret-là, comme on ne peut ni le nier, ni l’expliquer, il faut y arriver nécessairement par une espèce de divination.

Quel emploi de force ne faudroit-il pas pour ébranler avec un levier fait sur le modèle du bras les poids que le bras soulève ! Ne voyons-nous pas tous les jours la colère, on quelque autre affection de l’âme, augmenter comme par miracle la puissance du corps humain ? Quelle est donc cette puissance mystérieuse de la nature qui se manifeste par la volonté de l’homme ? et comment, sans étudier sa cause et ses ef-