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LA PHILOSOPHIE ET LA MORALE.

fets, pourroit-on faire aucune découverte importante dans la théorie des puissances physiques ?

La doctrine de l’Écossais Brown, analysée plus profondément en Allemagne que partout ailleurs, est fondée sur ce même système d’action et d’unité centrale qui est si fécond dans ses conséquences. Brown a cru que l’état de souffrance ou l’état de santé ne tenoit point à des maux partiels, mais à l’intensité du principe vital qui s’affoiblissoit ou s’exaltoit selon les différentes vicissitudes de l’existence.

Parmi les savants anglais, il n’y a guère que Hartley et son disciple Priestley, qui aient pris la métaphysique comme la physique, sous un point de vue tout-à-fait matérialiste. On dira que la physique ne peut être que matérialiste ; j’ose ne pas être de cet avis. Ceux qui font de l’âme même un être passif bannissent à plus forte raison des sciences positives l’inexplicable ascendant de la volonté de l’homme, et cependant il est plusieurs circonstances dans lesquelles cette volonté agit sur l’intensité de la vie, et la vie sur la matière. Le principe de l’existence est comme un intermédiaire entre le corps et l’âme dont la puissance ne sauroit être calculée, mais ne peut