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LA PHILOSOPHIE ET LA MORALE.

aussi l’imagination, qui est la prêtresse de la nature.

Ce que nous appelons des erreurs et des superstitions tenoit peut-être à des lois de l’univers qui nous sont encore inconnues. Les rapports des planètes avec les métaux, l’influence de ces rapports, les oracles même, et les présages, ne pourroient-ils pas avoir pour cause des puissances occultes dont nous n’avons plus aucune idée ? Et qui sait s’il n’y a pas un germe de vérité caché dans tous les apologues, dans toutes les croyances, qu’on a flétri du nom de folie ? Il ne s’ensuit pas assurément qu’il fallût renoncer a la méthode expérimentale, si nécessaire dans les sciences. Mais pourquoi ne donneroit-on pas pour guide suprême à cette méthode une philosophie plus étendue, qui embrasseroit l’univers dans son ensemble, et ne mépriseroit pas le côté nocturne de la nature, en attendant qu’on puisse y répandre de la clarté ?

– C’est de la poésie, répondra-t-on, que toute cette manière de considérer le monde physique ; mais on ne parvient à le connoître d’une manière certaine que par l’expérience ; et tout ce qui n’est pas susceptible de preuves peut être un amusement de l’esprit, mais ne conduit jamais à des