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INFLUENCE DE LA NOUVELLE PHILOSOPHIE.

progrès solides. — Sans doute les Français ont raison de recommander aux Allemands le respect pour l’expérience ; mais ils ont tort die toutner en ridicule les pressentiments de la réflexion, qui seront peut-être un jour confirmés par la connoissance des faits. La plupart des grandes découvertes ont commencé par paroître absurdes, et l’homme de génie ne fera jamais rien s’il a peur des plaisanteries ; elles sont sans force quand on les dédaigne, et prennent toujours plus d’ascendant quand on les redoute. On voit dans les contes de fées des fantômes qui s’opposent aux entreprises des chevaliers et les tourmentent jusqu’à ce que ces chevaliers aient passé outre. Alors tous les sortilèges s’évanouissent, et la campagne féconde s’offre à leurs regards. L’envie et la médiocrité ont bien aussi leurs sortilèges ; mais il faut marcher vers la vérité, sans s’inquiéter des obstacles apparents qui se présentent.

Lorsque Keppler eut découvert les lois harmoniques du mouvement des corps célestes, c’est ainsi qu’il exprima sa joie : « Enfin, après dix-huit mois, une première lueur m’a éclairé, et dans ce jour remarquable j’ai senti les purs rayons des vérités sublimes. Rien à présent ne me retient : j’ose me livrer à ma sainte ardeur,