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LA PHILOSOPHIE ET LA MORALE.

CHAPITRE XI.

De l’influence de la nouvelle philosophie sur le
caractère des Allemands.


Il sembleroit qu’un système de philosophie qui attribue à ce qui dépend de nous, à notre volonté, une action toute-puissante, devroit fortifier le caractère et le rendre indépendant des circonstances extérieures ; mais il y a lieu de croire que les institutions politiques et religieuses peuvent seules former l’esprit public, et que nulle théorie abstraite n’est assez efficace pour donner à une nation de l’énergie : car, il faut l’avouer, les Allemands de nos jours n’ont pas ce qu’on peut appeler du caractère. Ils sont vertueux, intègres, comme hommes privés, comme pères de famille, comme administrateurs ; mais leur empressement gracieux et complaisant pour le pouvoir fait de la peine, surtout quand on les aime