Page:De Staël – De l’Allemagne, Tome 3, 1814.djvu/184

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
166
LA PHILOSOPHIE ET LA MORALE.

très-favorable au maintien des lois ; mais ce respect, tel qu’il existe en Allemagne, donne l’habitude d’une marche si ponctuelle et si précise, qu’on ne sait pas même, quand le but est devant soi, s’ouvrir une route nouvelle pour y arriver.

Les spéculations philosophiques ne convienment qu’à un petit nombre de penseurs, et loin qu’elles servent à lier ensemble une nation, elles mettent trop de distance entre les ignorants et les hommes éclairés. Il y a en Allemagne trop d’idées neuves et pas assez d’idées communes en circulation, pour connoître les hommes et les choses. Les idées communes sont nécessaires à la conduite de la vie ; les affaires exigent l’esprit d’exécution plutôt que celui d’invention : ce qu’il y a de bizarre dans les différentes manières de voir des, Allemands tend à les isoler les uns des autres, car les pensées et les intérêts qui réunissent les hommes entre eux doivent être d’une nature simple et d’une vérité frappante.

Le mépris du danger, de la souffrance et de la mort n’est pas assez universel, dans toutes les classes de la nation allemande. Sans doute la vie a plus de prix pour des hommes capables de sentiments et d’idées, que pour ceux qui ne lais-