c’est un isolement dont les déserts de l’Arabie ne donnent qu’une foible idée ; et quand tout le trésor de vos jeunes années a été donné en vain, quand vous n’espérez plus pour la fin de la vie le reflet de ces premiers rayons, quand le crépuscule n’a plus rien qui rappelle l’aurore, et qu’il est pâle et décoloré comme un spectre livide, avant-coureur de la nuit, votre cœur se révolte, il vous semble qu’on vous a privé des dons de Dieu sur la terre ; et si vous aimez encore celui qui vous traite en esclave, puisqu’il ne vous appartient pas et qu’il dispose de vous, le désespoir s’empare de toutes les facultés, et la conscience elle-même se trouble à force de malheurs.
Les femmes pourroient adresser à l’époux qui traite légèrement leur destinée ces deux vers d’une fable :
Oui, c’est un jeu pour vous,
Mais c’est la mort pour nous.
Et tant qu’il ne se fera pas dans les idées une
révolution quelconque qui change l’opinion des
hommes sur la constance que leur impose le
lien du mariage, il y aura toujours guerre entre
les deux sexes, guerre secrète, éternelle, rusée,