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LA PHILOSOPHIE ET LA MORALE.

Garve est celui de tous qui a mis le plus d’importance à bien parler de la bonne compagnie, de la mode, de la politesse, etc. Il y a dans toute sa manière de s’exprimer à cet égard une très-grande envie de se montrer un homme du monde, de savoir la raison de tout, d’être avisé comme un Français, et de juger avec bienveillance la cour et la ville ; mais les idées communes qu’il proclame dans ses écrits sur ces divers sujets attestent qu’il n’en sait rien que par ouï dire, et n’a jamais bien observé tout ce que les rapports de la société peuvent offrir d’aperçus fins et délicats.

Lorsque Garve parle de la vertu, il montre des lumières pures et un esprit serein : il est surtout attachant et original dans son traité de la Patience. Accablé par une maladie cruelle, il sut la supporter avec un admirable courage ; et tout ce qu’on a senti soi-même inspire des pensées neuves.

Mendelsohn, juif de naissance, s’étoit voué, du sein du commerce, à l’étude des belles-lettres et de la philosophie, sans renoncer en rien à la croyance ni aux rites de sa religion ; admirateur sincère du Phédon, dont il fut le traducteur, il en étoit resté aux idées et aux senti-