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DES ÉCRIVAINS MORALISTES, etc.

ments précurseurs de Jesus-Clirist ; nourri des psaumes et de la bible, ses écrits conservent le caractère de la simplicité hébraïque. Il se plaisoit à rendre la morale sensible par des apologues à la manière orientale ; et cette forme est sûrement celle qui plaît davantage, en éloignant des préceptes le ton de la réprimande.

Parmi ces apologues, j’en vais traduire un qui me paroît remarquable. « Sous le gouvernement tyrannique des Grecs il fut une fois défendu aux Israélites, sous peine de mort, de lire entre eux les lois divines. Rabbi Akiba, malgré cette défense, tenoit des assemblées où il faisoit lecture de cette loi. Pappus le sut et lui dit : Akiba, ne crains-tu pas les menaces de ces cruels ? — Je veux te raconter une fable, répondit le Rabbi. — Un renard se promenoit sur les bords d’un fleuve, et vit les poissons qui se rassembloient avec effroi dans le fond de la rivière. — D’où vient la terreur qui vous agite, dit le renard ? — Les enfants des hommes, répondirent les poissons, jettent leurs filets dans les flots, afin de nous prendre, et nous tâchons de leur échapper. — Savez-vous ce qu’il faut faire, dit le renard ? venez là, sur le rocher où les hommes ne sauroient vous