Page:De Staël – De l’Allemagne, Tome 3, 1814.djvu/283

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES, etc.

étoient, selon leur temps, parfaitement en harmonie avec les progrès, des esprits et peut-être sommes-nous à la veille d’un développement du christianisme qui rassemblera dans un même foyer tous les rayons épars, et qui nous fera trouver dans la religion plus que la morale, plus que le bonheur, plus que la philosophie, plus que le sentiment même, puisque chacun de ces biens sera multiplié par sa réunion avec les autres.

Quoi qu’il en soit, il est peut-être intéressant de connoître sous quel point de vue la religion est considérée en Allemagne, et comment on a trouvé le moyen d’y rattacher tout le système littéraire et philosophique dont j’ai tracé l’esquisse. C’est une chose imposante que cet ensemble de pensées qui développe à nos yeux l’ordre moral tout entier, et donne à cet édifice sublime le dévouement pour base, et la divinité pour faîte.

C’est au sentiment de l’infini que la plupart des écrivains allemands rapportent toutes les idées religieuses. L’on demande s’il est possible de concevoir l’infini ; cependant ne le conçoit-on pas, au moins d’une manière négative, lorsque dans les mathématiques on ne peut supposer