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LA RELIGION ET L’ENTHOUSIASME.

ce n’étoit point l’incrédulité philosophique, mais un fanatisme à lui qui l’inspiroit.

Néanmoins la réformation a introduit dans le monde l’examen en fait de religion. Il en est résulté pour les uns le scepticisme, mais pour les autres une conviction plus ferme des vérités religieuses : l’esprit humain étoit arrivé à une époque où il devoit nécessairement examiner pour croire. La découverte de l’imprimerie, la multiplicité des connoissances, et l’investigation philosophique de la vérité, ne permettoient pas plus cette foi aveugle dont on s’étoit jadis si bien trouvé. L’enthousiasme religieux ne pouvoit renaître que par l’examen et la méditation. C’est Luther qui a mis la Bible et l’Évangile entre les mains de tout le monde ; c’est lui qui a donné l’impulsion à l’étude de l’antiquité ; car en apprenant l’hébreu pour lire la Bible, et le grec pour lire le Nouveau Testament, on a cultivé les langues anciennes, et les esprits se sont tournés vers les recherches historiques.

L’examen peut affoiblir cette foi d’habitude que les hommes font bien de conserver tant qu’ils le peuvent ; mais quand l’homme sort de l’examen plus religieux qu’il n’y étoit entré, c’est alors que la religion est invariablement fondée ; c’est