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DU CULTE DES FRÈRES MORAVES.

et c’est cette disposition qui inspire de l’attrait pour les couvents, quoiqu’ils aient d’ailleurs des inconvénients très-graves.

Les établissements moraves sont les couvents des protestants, et c’est l’enthousiasme religieux du nord de l’Allemagne qui leur a donné naissance il y a cent années. Mais quoique cette association soit aussi sévère qu’un couvent catholique, elle est plus libérale dans les principes ; on n’y fait point de vœu, tout y est volontaire ; les hommes et les femmes ne sont pas séparés, et le mariage n’y est point interdit. Néanmoins la société entière est ecclésiastique, c’est-à-dire, que tout s’y fait par la religion et pour elle ; c’est l’autorité de l’église qui régit cette communauté de fidèles, mais cette église est sans prêtres, et le sacerdoce y est exercé tour à tour par les personnes les plus religieuses et les plus vénérables.

Les hommes et les femmes, avant d’être mariés, vivent séparément les uns des autres dans des réunions où règne l’égalité la plus parfaite. La journée entière est remplie par des travaux, les mêmes pour tous les rangs ; l’idée de la Providence, constamment présente, dirige toutes les actions de la vie des moraves.