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DU CATHOLICISME.

celui d’examiner. L’une de ces facultés ne doit pas être satisfaite aux dépens de l’autre : le protestantisme et le catholicisme ne viennent point de ce qu’il y a eu des papes et un Luther ; c’est une pauvre manière de considérer l’histoire que de l’attribuer à des hasards. Le protestantisme et le catholicisme existent dans le cœur humain ; ce sont des puissances morales qui se développent dans les nations, parce qu’elles existent dans chaque homme. Si dans la religion, comme dans les autres affections humaines, on peut réunir ce que l’imagination et la raison souhaitent, il y a paix dans l’homme ; mais en lui, comme dans l’univers, la puissance de créer et celle de détruire, la foi et l’examen, se succèdent et se combattent.

On a voulu, pour réunir ces deux penchants, creuser plus avant dans l’âme ; et de là sont venues les opinions mystiques dont nous parlerons dans le chapitre suivant ; mais le petit nombre de personnes qui ont abjuré le protestantisme n’ont fait que renouveler des haines. Les anciennes dénominations raniment les anciennes querelles ; la magie se sert de certaines paroles pour évoquer les fantômes ; on diroit que sur tous les sujets il y a des mots qui exercent ce