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LA RELIGION ET L’ENTHOUSIASME.

pouvoir : ce sont ceux qui ont servi de ralliement à l’esprit de parti ; on ne peut les prononcer sans agiter de nouveau les flambeaux de la discorde. Les catholiques allemands se sont montrés jusqu’à présent très-étrangers à ce qui se passoit à cet égard dans le nord. Les opinions littéraires semblent la cause du petit nombre de changements de religion qui ont eu lieu, et l’ancienne et vieille église ne s’en est guère occupée.

Le comte Frédéric Stolberg, homme très-respectable par son caractère et par ses talents, célèbre, dès sa jeunesse, comme poëte, comme admirateur passionné de l’antiquité, et comme traducteur d’Homère, a donné le premier, en Allemagne, le signal de ces conversions nouvelles, qui ont eu depuis des imitateurs. Les plus illustres amis du comte Stolberg, Klopstock, Voss et Jacobi, se sont éloignés de lui pour cette abjuration qui semble désavouer les malbeurs et les combats que les réformés ont soutenus pendant trois siècles ; cependant M. de Stolberg vient de publier une histoire de la religion de Jésus-Christ faite pour mériter l’approbation de toutes les communions chrétiennes. C’est la première fois qu’on a vu les opinions catholiques défendues de cette manière ; et si le comte de Stolberg n’avoit