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DU CATHOLICISME.

le cœur étoit profondément ému par la mission qu’il remplissoit[1]. Ses regards, sa physionomie pouvoient servir de modèle à quelques-uns des tableaux dont les autres temples sont parés ; ses accents répondoient au concert des anges. Il y avoit là devant nous une créature mortelle, convaincue de notre immortalité, de celle de nos amis que nous avons perdus, de celle de nos enfants qui nous survivront de si peu dans la carrière du temps ! et la persuasion intime d’une âme pure sembloit une révélation nouvelle.

Il descendit de sa chaire pour donner la communion aux fidèles qui vivent à l’abri de son exemple. Son fils étoit comme lui ministre de l’église, et, sous des traits plus jeunes, il avoit, ainsi que son père, une expression pieuse et recueillie. Alors, selon l’usage, le père et le fils se donnèrent mutuellement le pain et la coupe qui servent chez les protestants de commémoration au plus touchant des mystères ; le fils ne voyoit dans son père qu’un pasteur plus avancé que lui dans l’état religieux qu’il vouloit suivre ; le père respectait dans son fils la sainte vocation qu’il

  1. M. Célérier, pasteur de Satigny, près de Genève.