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LA RELIGION ET L’ENTHOUSIASME.

CHAPITRE VI.

De la douleur.


On a beaucoup blâmé cet axiome des mystiques que la douleur est un bien ; quelques philosophes de l’antiquité ont affirmé qu’elle n’étoit pas un mal ; il est pourtant bien plus difficile de la considérer avec indifférence qu’avec espoir[1]. En effet, si l’on n’étoit pas persuadé que le malheur est un moyen de perfectionnement, à quel excès d’irritation ne nous porteroit-il pas ? Pourquoi donc nous appeler à la vie pour nous faire dévorer par elle ? Pourquoi concentrer tous les tourments et toutes les merveilles de l’univers dans un foible cœur qui redoute et qui désire ?

  1. Le chancelier Bacon dit que les prospérités sont les bénédictions de l’Ancien Testament et les adversités celles du Nouveau.