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DE LA DOULEUR.

Pourquoi nous donner la puissance d’aimer et nous arracher ensuite tout ce que nous avons chéri ? Enfin pourquoi la mort, la terrible mort ? lorsque l’illusion de la terre nous la fait oublier, comme elle se rappelle à nous ! C’est au milieu de toutes les splendeurs de ce monde qu’elle déploie son drapeau funeste.

Cosi trapassa al trapassar d’un giorno
Délia vita mortal il flore e’l verde ;
Ne perche faccia indietro April ritorno,
Si rintiora ella mai ne si rinverde[1].

On a vu dans une fête cette princesse[2] qui, mère de huit enfants, réunissoit encore le charme d’une beauté parfaite à toute la dignité des vertus maternelles. Elle ouvrit le bal, et les sons mélodieux de la musique signalèrent ces moments consacrés à la joie. Des fleurs ornoient sa tête charmante, et la parure et la danse devoient lui rappeler les premiers jours de sa jeunesse ; cependant


  1. Ainsi passe en un jour la verdure et la fleur de la
    vie mortelle ; c’est en vain que le mois du printemps revient
    à son tour, elle ne reprend jamais ni sa verdure,
    ni ses fleurs. — Vers du Tasse, chantés dans les jardins
    d’Armide.
  2. La princesse Pauline de Schwarzenberg.