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DE L’ESPRIT DE SECTE

pour but, il est vrai, de réformer l’ordre social sur de nouveaux principes ; toutefois, en attendant l’accomplissement de ce grand œuvre, ce qu’ils voulaient d’abord, c’était de s’emparer des emplois publics. Une telle secte a bien des adeptes par tous pays qui s’initient d’eux-mêmes à ses secrets : en Allemagne cependant cette secte est la seule peut-être qui ait été fondée sur une combinaison politique ; toutes les autres sont nées d’un enthousiasme quelconque, et n’ont eu que la recherche de la vérité pour but.

Parmi les hommes qui s’efforcent de pénétrer les secrets de la nature, il faut compter les alchimistes, les magnétiseurs, etc. ; il est probable qu’il y a beaucoup de folie dans ces prétendues découvertes : mais qu’y peut-on trouver d’effrayant ? Si l’on arrivoit à reconnoître dans les phénomènes physiques ce qu’on appelle du merveilleux, ou en auroit avec raison de la joie. Il y a des moments où la nature paroît une machine qui se meut constamment par les mêmes ressorts, et c’est alors que son inflexible régularité fait peur ; mais quand on croit entrevoir en elle quelque chose de spontané comme la pensée, un espoir confus s’empare de l’âme, et nous dérobe au regard fixe de la nécessité.