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DE LA CONTEMPLATION DE LA NATURE.

mière du soleil éblouit les yeux qui croient voir. Des stances de Novalis sur la vie des mineurs renferment une poésie animée d’un très-grand effet ; il interroge la terre qu’on rencontre dans les profondeurs, parce qu’elle fut le témoin des diverses révolutions que la nature a subies ; et il exprime un désir énergique de pénétrer toujours plus avant vers le centre du globe. Le contraste de cette immense curiosité avec la vie si fragile qu’il faut exposer pour la satisfaire cause une émotion sublime. L’homme est placé sur la terre entre l’infini des cieux et l’infini des abîmes, et sa vie, dans le temps, est aussi de même entre deux éternités. De toutes parts entouré par des idées et des objets sans bornes, des pensées innombrables lui apparoissent comme des milliers de lumières qui se confondent et l’éblouissent.

Novalis a beaucoup écrit sur la nature en général, il se nomme lui-même, avec raison, le disciple de Saïs, parce que c’est dans cette ville qu’étoit fondé le temple d’Isis, et que les traditions qui nous restent des mystères des Égyptiens portent à croire que leurs prêtres avoient une connoissance approfondie des lois de l’univers.