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LA PHILOSOPHIE ET LA MORALE

la physique, la chimie ; car il étoit convaincu que l’universalité des connoissances est nécessaire pour être supérieur dans une partie quelconque ; enfin tout manifestoit en lui ces vertus qui tiennent à la hauteur de la pensée, et qui méritent à la fois l’admiration et le respect.

Ses ouvrages peuvent être divisés en trois branches, les sciences exactes, la philosophie théologique, et la philosophie de l’âme. Tout le monde sait que Leibnitz étoit le rival de Newton dans la théorie du calcul. La connoissance des mathématiques sert beaucoup aux études métaphysiques ; le raisonnement abstrait n’existe dans sa perfection que dans l’algèbre et la géométrie, nous chercherons à démontrer ailleurs les inconvénients de ce raisonnement, quand on veut y soumettre ce qui tient d’une manière quelconque à la sensibilité ; mais il donne à l’esprit humain une force d’attention qui le rend beaucoup plus capable de s’analyser lui-même : il faut aussi connoître les lois et les forces de l’univers pour étudier l’homme sous tous les rapports. Il y a une telle analogie et une telle différence entre le monde physique et le monde moral, les ressemblances et les diversités se prêtent de telles lumières, qu’il est impossible d’être un savant du