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KANT.

À cette intuition primitive de l’espace et du temps il faut ajouter ou plutôt donner pour base les principes du raisonnement, sans lesquels nous ne pouvons rien comprendre, et qui sont les lois de notre intelligence ; la liaison des causes et des effets, l’unité, la pluralité, la totalité, la possibilité, la réalité, la nécessité, etc.[1]. Kant les considère également comme des notions nécessaires, et il n’élève au rang de sciences que celles qui sont fondées immédiatement sur ces notions, parce que c’est dans celles-là seulement que la certitude peut exister. Les formes du raisonnement n’ont de résultat que quand on les applique au jugement des objets extérieurs, et dans cette application elles sont sujettes à l’erreur ; mais elles n’en sont pas moins nécessaires en elles-mêmes, c’est-à-dire que nous ne pouvons nous en départir dans aucune de nos pensées ; il nous est impossible de nous rien figurer hors des relations de causes et d’effets, de possibilité, de quantité, etc. ; et ces notions sont aussi inhérentes à notre conception que l’espace et le temps. Nous n’apercevons rien qu’à travers les lois im-

  1. Kant donne le nom de catégorie aux diverses notions nécessaires de l’entendement dont il présente le tableau.