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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇOISE

CHAPITRE VII.

De la guerre d’Amérique.


EN jugeant le passé d’après la connoissance des événemens qui l’ont suvi, on peut dire, je crois, que Louis XVI eut tort de se mêler de la guerre entre l’Amérique et l’Angleterre, quoique l’indépendance des États-Unis fut désirée par toutes les âmes généreuses. Les principes de la monarchie françoise ne permettoient pas d’encourager ce qui devoit être considéré comme une revolte d’après ces mêmes principes. D’ailleurs la France n’avoit point à se plaindre alors de l’Angleterre et, déclarer une guerre seulement d’après la rivalité toujours subsistante entre ces deux pays, c’est un genre de politique mauvais en lui-même, et plus nuisible encore à la France qu’à l’Angleterre. Car la France ayant de plus grandes sources naturelles de prospérité, et beaucoup moins de puissance et d’habileté sur mer, c’est la paix qui la fortifie et la guerre maritime qui la ruine.

La cause de l’Amérique et les débats du parlement d’Angleterre à ce sujet excitèrent un