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CONSIDÉRATIONS

CHAPITRE VIII.

De la retraite de M. Necker en 1781.

M. Necker n’avoit d’autre but, dans son premier ministère, que d’engager le roi à faire par lui-même tout le bien que la nation reclamoit, et pour lequel elle a souhaité depuis d’avoir des représentans. C’étoit l’unique manière d’empêcher une révolution pendant la vie de Louis XVI et je n’ai point vu mon père varier depuis dans la conviction qu’alors en 1781, il y auroit réussi. Le reproche le plus amer qu’il se soit donc fait dans sa vie c’est de n’avoir pas tout supporté plutôt que de donner sa démission. Mais il ne prévoyoit pas à cette époque ce que les événemens ont révélé ; et, bien qu’un sentiment généreux l’attachât seul à sa place il y a dans les âmes élevées une crainte délicate de ne pas abdiquer assez facilement le pouvoir, quand la fierté le leur conseille.

La seconde classe des courtisans se déclara contre M. Necker ; Les grands seigneurs, n’ayant point d’inquiétude sur leur situation