Page:De Staël – La Révolution française, Tome I.djvu/113

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M. de Maurepas faisoit répandre sourdement que c’étoit plaire au roi qu’attaquer son ministre. Si M. Necker avoit demandé un entretien particulier au roi pour l’éclairer sur M. de Maurepas, peut-être l’auroit-il fait disgracier. Mais la vieillesse de cet homme, quelque frivole qu’elle fût, méritoit toujours des égards, et d’ailleurs M. Necker se croyoit lié par la reconnoissance envers celui qui l’avoit appelé au ministère. M. Necker se contenta donc de requérir un signe quelconque de la faveur du souverain qui décourageât les libellistes ; il désiroit qu’on les éloignât de la maison de Mgr. le comte d’Artois, dans laquelle ils occupoient des emplois, et qu’on lui accordât l’entrée au conseil d’état dont on l’avoit écarté, sous prétexte de la religion protestante qu’il professoit, bien que sa présence y eût été éminemment utile. Un ministre des finances, chargé de demander au peuple les sacrifices qu’exige la guerre, doit prendre part aux délibérations sur la possibilité de faire la paix.

M. Necker étoit convaincu que, si le roi ne témoignoit pas de quelque manière qu’il le protégeoit sincèrement contre ses ennemis tout-puissans, il n’auroit plus la force nécessaire pour conduire les finances avec la sévérité dont il se