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Page:De Staël – La Révolution française, Tome I.djvu/119

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françois pour accepter un tel dédommagement, quelque honorable qu’il pût être. La France et l’Europe furent consternées de la retraite de M. Necker ses vertus : et ses falcultés méritoient cet hommage ; mais il y avoit de plus, dans cette impression universelle, la crainte confuse de la crise politique dont on étoit menacé et

    leur a pardonné, et l’on s’est contenté de défendre à cette occasion, aux journalistes, de parler a l’avenir de M. Necker, ni en bien ni en mal.
    « Si jamais ministre n’emporta dans sa retraite une gloire plus pure et plus intègre que M. Necker, jamais ministre aussi n’y reçut plus de témoignages de la bienveillance et de l’admiration publiques. Il y eut, les premiers jours sur le chemin qui conduit à sa maison de campagne, à Saint-Ouen, à deux lieues de Paris, une procession de carrosses presque continuelle. Des hommes de toutes les classes et de toutes les conditions s’empressèrent à lui porter l’hommage de leurs regrets et de leur sensibilité ; et, dans ce nombre, on a pu compter les personnes les plus respectables de la ville et de la cour, les prélats les plus distingués par leur naissance et par leur piété, M. l’archevêque de Paris à la tête, les Biron, les Beauveau, les Richelieu, les Choiseul, les Noailles, les Luxembourg, enfin les noms les plus respectés de la France, sans oublier celui du successeur même de M. Necker, qui n’a pas cru pouvoir mieux rassurer les esprits sur les principes de son administration, qu’en donnant lui-même les plus grands éloges à celle de M. Necker, et en se félicitant de n’avoir qu’à suivre une route qu’il trouvoit si heureusement tracée. »