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Page:De Staël – La Révolution française, Tome I.djvu/124

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quoiqu’elle fut entourée de personnes d’un avis différent ; on eût dit qu’ils pressentoient l’un et l’autre dans quels malheurs un tel caractère alloit les jeter. Je le répète, aucun homme en particulier ne peut être considéré comme fauteur de la révolution de France mais, si l’on vouloit s’en prendre à un individu d’un événement séculaire, ce seroient les fautes de M. de Calonne qu’il faudroit en accuser. Il vouloit plaire à la cour en répandant l’argent à pleines mains ; il encouragea le roi, la reine et les princes, à ne se gêner sur aucun de leurs goûts, assurant que le luxe étoit la source de la prospérité des états ; il appeloit la prodigalité une large économie : enfin, il vouloit être en tout un ministre facile et complaisant, pour se mettre en contraste avec l’austérité de M. Necker ; mais, si M. Necker étoit plus vertueux, il est également vrai qu’il avoit aussi beaucoup plus d’esprit. La controverse par écrit qui s’établit entre ces deux ministres sur le déficit, quelque temps après, a prouvé que, même en fait de plaisanteries, M. Necker avoit tout l’avantage.

La légèreté de M. de Calonne consistoit plutôt dans ses principes que dans ses manières ; il lui paroissoit brillant de se jouer avec les