Page:De Staël – La Révolution française, Tome I.djvu/125

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difficultés, et cela le seroit en effet, si l’on en triomphoit mais, quand elles sont plus fortes que celui qui veut avoir l’air d’en être le maître, sa négligente confiance n’est rien qu’un ridicule de plus.

M. de Calonne continua pendant la paix le système des emprunts qui, de l’avis de M. Necker, ne convenoit que pendant la guerre. Le crédit du ministre baissant chaque jour, il falloit qu’il haussàt l’intérêt pour se procurer de l’argent, et le désordre s’accroissoit ainsi par le désordre même. M. Necker, vers ce temps, publia l’Administration des Finances : cet ouvrage, reconnu maintenant pour classique, produisit dès lors un effet prodigieux ; on en vendit quatre-vingt mille exemplaires ; Jamais aucun écrit, sur des sujets aussi sérieux, n’avoit eu un succès tellement populaire. Les François s’occupoient déjà beaucoup dans ce temps de la chose publique, sans songer encore à la part qu’ils y pourroient prendre.

L’ouvrage sur l’administration des finances renfermoit tous les plans de réforme adoptés depuis par l’assemblée constituante dans le système des impôts ; et l’heureux effet que ces changemens ont produit sur l’aisance de la nation a fait connoitre la vérité de ce que