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CONSIDÉRATIONS

quand elles se rattachoient de quelque manière au développement des idées ; et qu’après une lutte et des malheurs plus ou moins prolongés, le triomphe des lumières a toujours été favorable à la grandeur et à l’amélioration de l’espèce humaine.

Mon ambition seroit de parler du temps dans lequel nous avons vécu, comme s’il étoit déjà loin de nous. Les hommes éclairés, qui sont toujours contemporains des siècles futurs, par leurs pensées, jugeront si j’ai su m’élever à la hauteur d’impartialité que je voulois atteindre.

Je me bornerai, dans ce chapitre, à des considérations générales sur la marche politique de la civilisation européenne, mais seulement par rapport à la révolution de France car c’est à ce sujet, déjà bien vaste, que cet ouvrage est consacré.

Les deux peuples anciens dont la littérature et l’histoire composent encore aujourd’hui notre principale fortune intellectuelle, n’ont dû leur étonnante supériorité qu’à la jouissance d’une patrie libre. Mais l’esclavage existait chez eux ; et, par conséquent les droits et les motifs d’émulation, qui doivent être communs à tous les hommes, étoient le partage exclusif