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CONSIDÉRATIONS

de la nation. Sans doute, le pouvoir absolu des rois a toujours eu aussi des partisans ; tant d’intérêts personnels peuvent se rallier à cette opinion ! Mais quels noms en regard dans cette cause ! Il faut opposer Louis XI à Henri IV, Louis XIII à Louis XII, Richelieu à l’Hôpital, le cardinal Dubois à M. de Malesherbes ; et, si l’on vouloit citer tous les noms qui se sont conservés dans l’histoire, on pourroit parier, à peu d’exceptions près, que, là où il se trouve une âme honnête ou un esprit éclairé, dans quelque rang que ce puisse être, il y a un ami des droits des nations ; mais que l’autorité sans bornes n’a presque jamais été défendue, ni par un homme de génie, ni surtout par un homme vertueux.

Les Maximes du droit public françois publiées en 1775 par un magistrat du parlement de Paris, s’accordent en entier avec celles qui ont été proclamées par l’assemblée constituante, sur la nécessité de la balance des pouvoirs, du consentement de la nation aux subsides, de sa participation aux actes législatifs, et de la responsabilité des ministres. Il n’y a pas une page où l’auteur ne rappelle le contrat existant entre le peuple et les rois, et c’est sur les faits de l’histoire qu’il se fonde.