Cependant M. Necker ne prit pas sur lui la décision qu’il croyoit la plus sage ; et, se fiant trop, il faut l’avouer, à l’empire de la raison, il conseilla au roi d’assembler de nouveau les notables qui avoient été convoqués par M. de Calonne ; la majorité de ces notables, étant composée de privilégiés, fut contre le doublement du tiers : un seul bureau se déclara pour cette mesure ; il étoit présidé par Monsieur (maintenant Louis XVIII). On se comploît à penser qu’un roi, le premier auteur d’une charte constitutionnelle émanée du trône, étoit alors de l’opinion populaire, sur l’importante question que le parti des aristocrates cherche encore à signaler comme la cause du renversement de la monarchie.
On a reproché à M. Necker d’avoir consulté les notables pour ne pas suivre leur avis ; sa faute consiste en effet dans le parti qu’il prit de les consulter ; mais pouvoit-on imaginer que ces privilégiés, qui s’étoient montrés la veille si violents contre les abus du pouvoir royal, défendroient le lendemain toutes les injustices du leur, avec un acharnement si contraire à l’opinion générale ?
Néanmoins M. Necker suspendit toute décision sur le doublement du tiers, lorsqu’il vit