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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇOISE

ni instruction, ni industrie, ni commerce : la propriété foncière étoit presque la seule connue ; et Charlemagne lui-même s’occupe, dans ses Capitulaires, de l’économie rurale des domaines de la couronne. Les nobles alloient à la guerre en personne amenant avec eux leurs hommes d’armes ainsi les rois n’avoient pas besoin de lever des impôts puisqu’ils n’entretenoient point d’armée ni d’établissement public. Tout démontre que, dans ces temps les grands seigneurs étoient très-indépendans des rois ; ils maintenoient la liberté pour eux, si toutefois on est libre soi-même, alors qu’on impose la servitude aux autres. La Hongrie peut encore, à cet égard, donner l’idée d’un tel genre de gouvernement, qui a de la grandeur dans ceux qui en jouissent.

Les champs de mai, si souvent cités dans l’histoire de France, pourroient être appelés le gouvernement démocratique de la noblesse tel qu’il a existé en Pologne. La féodalité s’établit plus tard. L’hérédité du trône sans laquelle il n’existe point de repos dans les monarchies, n’a été régulièrement fixée que sous la troisième race durant la seconde la nation c’est-à-dire alors, les barons et le clergé choisissoient un successeur parmi les individus de