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Page:De Staël – La Révolution française, Tome I.djvu/199

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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

voirs. La gloire militaire, qui constitue la considération de la noblesse, comme la piété celle du clergé, ne pouvait plus apparaître que dans le passé. Une longue paix n’avait donné à aucun des nobles qui en auroient été les plus avides, l’occasion de recommencer leurs aïeux, et c’étoient d’illustres obscurs que tous les grands seigneurs de France. La noblesse du second ordre n’avait pas eu plus d’occasions de se distinguer, puisque la nature du gouvernement ne permettait aux gentilshommes que la carrière des armes. Les anoblis, qu’on voyait marcher en grand nombre dans les rangs des nobles, portoient d’assez mauvaise grâce le panache et l’épée ; et l’on se demandait pourquoi ils se plaçoient dans le premier ordre de l’état, seulement parce qu’ils avoient obtenu de ne pas payer leur part des impôts publics ; car, en effet, c’était à cet injuste privilége que se bornoient leurs droits politiques.

La noblesse se trouvant déchue de sa splendeur par l’esprit de courtisan, par l’alliage des anoblis, et par une longue paix ; le clergé ne possédant plus l’ascendant des lumières qu’il avait eu dans les temps barbares, l’importance des députés du tiers état en était aug-