Aller au contenu

Page:De Staël – La Révolution française, Tome I.djvu/198

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
184
CONSIDÉRATIONS

CHAPITRE XVI.

Ouverture des états généraux le 5 mai 1789.

JE n’oublierai jamais le moment où l’on vit passer les douze cents députés de la France, se rendant en procession à l’église pour entendre la messe, la veille de l’ouverture des états généraux. C’étoit un spectacle bien imposant et bien nouveau pour des François ; tout ce qu’il y avoit d’habitans dans la ville de Versailles, ou de curieux arrivés de Paris, se rassembloit pour le contempler. Cette nouvelle sorte d’autorité dans l’état, dont on ne connoissoit encore ni la nature, ni la force étonnoit la plupart de ceux qui n’avoient pas réfléchi sur les droits des nations.

Le haut clergé avoit perdu une partie de sa considération, parce que beaucoup de prélats ne s’étoient pas montrés assez réguliers dans leur conduite, et qu’un plus grand nombre encore n’étoient occupés que des affaires politiques. Le peuple est sévère pour les prêtres comme pour les femmes : il veut dans les uns et dans les autres du dévouement à leurs de-