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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

alors entière, et le roi pouvait s’en servir utilement, en restant fidèle au système dont il avait adopté les principes fondamentaux.

Quand le roi vint se placer sur le trône, au milieu de cette assemblée, j’éprouvai pour la première fois un sentiment de crainte. D’abord je remarquai que la reine était très-émue ; elle arriva plus tard que l’heure assignée, et les couleurs de son teint étoient altérées. Le roi prononça son discours avec sa simplicité accoutumée ; mais les physionomies des députés exprimoient plus d’énergie que celle du monarque, et ce contraste devait inquiéter, dans des circonstances où, rien n’étant encore établi, il fallait de la force des deux côtés.

Les discours du roi, du chancelier et de M. Necker, avoient tous les trois pour but le rétablissement des finances. Celui de M. Necker présentait toutes les améliorations dont l’administration était susceptible, mais il touchait à peine aux questions constitutionnelles ; et se bornant à prévenir l’assemblée contre la précipitation dont elle n’était que trop susceptible, il lui dit ce mot qui est devenu proverbe : « Ne soyez pas envieux du temps. » En sortant de la séance, le parti populaire, c’est-à-dire, la majorité du tiers, la minorité de la noblesse et