Page:De Staël – La Révolution française, Tome I.djvu/229

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1814[1], vingt-cinq années après l’ouverture des états généraux. N’est-il pas permis de croire que le cercle sanglant de ces vingt-cinq années n’auroit pas été parcouru, si l’on avoit consenti, dès le premier jour, à ce que la nation vouloit alors, et ne cessera point de vouloir ?

Un moyen ingénieux assuroit le succès de la proposition de M. Necker. Le roi devoit ordonner le vote par tête en matière d’impôts, et ce n’étoit que sur les intérêts, sur les affaires et les priviléges de chaque ordre, qu’ils étoient appelés à délibérer séparément, avant que la constitution fût établie. Le tiers état, ne s’étant point encore assuré du vote par tête, eût été reconnaissant de l’obtenir en matière d’impôts, ce qui étoit de toute justice : car se figure-t-on des états généraux dans lesquels la majorité, c’est-à-dire, les deux ordres privilégiés, qui comparativement ne payoient presque rien, auroient décidé des taxes que la minorité, le tiers état, devoit acquitter en entier ? Le roi déclaroit aussi dans le projet de M. Necker,

  1. C’est dans ce même lieu, Saint-Ouen, que mon père a passé sa vie. Je ne puis m’empêchcr, tout puéril qu’est ce rapprochement, d’en être frappée.