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Page:De Staël – La Révolution française, Tome I.djvu/230

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que relativement à l’organisation future des états généraux, il ne sanctionneroit qu’un corps législatif en deux chambres. Venoient ensuite différentes propositions populaires en finances et en législation, qui auroient achevé de concilier l’opinion en faveur de la déclaration royale. Le roi l’adopta tout entière, et dans le premier moment il est sûr qu’il l’approuvait. M. Necker fut cette fois au comble de l’espérance ; car il se flattoit de faire accepter ce plan sagement combiné à la majorité des députés du tiers, quoique les plus exagérés fussent disposés à repousser tout ce qui viendroit de la cour.

Tandis que M. Necker exposoit volontiers sa popularité, en se déclarant le défenseur d’une chambre haute, les aristocrates se croyoient au contraire dépouillés par cette institution. Chaque parti, depuis vingt-cinq ans, a repoussé et regretté tour à tour la constitution anglaise, suivant qu’il étoit vainqueur ou vaincu. La reine dit, en 1792, au chevalier de Coigny : « Je voudrais qu’il m’en eût coûté un bras, et que la constitution anglaise fût établie en France. » Les nobles n’ont cessé de l’invoquer, quand on les a dépouillés de toute leur existence ; et le parti populaire, sous Bo-