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Page:De Staël – La Révolution française, Tome I.djvu/24

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CONSIDÉRATIONS

Henri VIII, en Angleterre, Philippe II, en Espagne, Christiern, dans le Nord, travaillèrent sur le même plan, avec des circonstances différentes. Mais Henri VIII, en préparant la religion réformée, affranchit son pays sans le vouloir. Charles-Quint auroit peut-être accompli momentanément son projet de monarchie universelle, si, malgré le fanatisme de ses états du midi, il se fût appuyé sur l’esprit rénovateur du temps, en acceptant la Confession d’Augsbourg. On dit qu’il en eut l’idée, mais cette lueur de son génie disparut sous le pouvoir ténébreux de son fils ; et l’empreinte du terrible règne de Philippe II pèse encore tout entière sur la nation espagnole : là l’inquisition s’est chargée de conserver l’héritage du despotisme.

Christiern voulut asservîr la Suède et le Danemark à la même domination absolue. L’esprit d’indépendance des Suédois s’y opposa. On voit dans leur histoire différentes périodes analogues à celles que nous avons signalées dans les autres pays. Charles XI fit de grands efforts pour triompher de la noblesse par le peuple. Mais la Suède avoit une constitution, en vertu de laquelle les députés des bourgeois et des paysans composoient la moitié de la diète, et