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Page:De Staël – La Révolution française, Tome I.djvu/23

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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇOISE

tres, l’invention de l’imprimerie, la réformation, la découverte du Nouveau-Monde, et les progrès du commerce, apprirent aux hommes qu’il peut exister une autre puissance que celle des armes ; et depuis ils ont su que celle des armes aussi n’appartenoit pas exclusivement aux gentilshommes.

On ne connoissoit, dans le moyen âge, en fait de lumières, que celles des prêtres ; ils avoient rendu de grands services pendant les siècles de ténèbres. Mais, lorsque le clergé se vit attaqué par la réformation, il combattit les progrès de l’esprit humain, au lieu de les favoriser. La seconde classe de la société s’empara des sciences, des lettres, de l’étude des lois, et du commerce ; et son importance s’accrut ainsi chaque jour. D’un autre côté, les états se concentroient davantage, les moyens de gouvernement devenoient plus forts ; et les rois, en se servant du tiers-état contre les barons et le haut clergé, établirent leur propre despotisme, c’est-à-dire, la réunion dans les mains d’un seul du pouvoir exécutif et du pouvoir législatif tout ensemble.

Louis XI est le premier qui fit authentiquement l’essai de ce fatal système en France, et l’inventeur est vraiment digne de l’œuvre.