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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

prétexte à l’insurrection, toutes les troupes sur lesquelles on comptoit partagèrent l’esprit des citoyens, et ne se prêtèrent en rien à ce qu’on attendoit d’elles.

Dès que la nouvelle du départ de M. Necker fut répandue dans Paris, on barricada les rues ; chacun se fît garde national, prit un costume militaire quelconque, et se saisit au hasard de la première arme, fusil, sabre, faux, n’importe. Une foule innombrable d’hommes de la même opinion s’embrassoient dans les rues comme des frères, et l’armée du peuple de Paris, composée de plus de cent mille hommes, se forma dans un instant comme par miracle. La Bastille, cette citadelle du gouvernement arbitraire, fut prise le 14 juillet 1789. Le baron de Breteuil, qui s’étoit vanté de terminer la crise des affaires en trois jours, ne conserva la place de ministre que pendant ces trois jours, assez long-temps pour assister au renversement de la monarchie.

Tel fut le résultat des conseils donnés par les adversaires de M. Necker. Comment des esprits de cette trempe veulent-ils prononcer encore sur les affaires d’un grand peuple ? Quelles étoient les ressources préparées contre les dangers qu’eux-mêmes avoient provoqués ? et vit--