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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

bitieux, rien n’étoit plus facile que de revenir triomphant, en s’appuyant sur la force de l’assemblée constituante ; mais c’étoit uniquement pour se sacrifier au roi et à la France que M. Necker consentit à reprendre sa place, après la révolution du 14 juillet. Il se flatta de servir l’État, en prodiguant sa popularité pour défendre l’autorité royale, alors trop affaiblie. Il espéroit qu’un homme banni par le parti des privilégiés seroit entendu avec quelque faveur, lorsqu’il plaideroit leur cause. Un grand citoyen, en qui vingt-sept ans de révolution ont développé chaque jour de nouvelles vertus, un admirable orateur, dont l’éloquence a défendu la cause de son père, de sa patrie et de son roi, Lally Tollendal, fort de raisonnement et d’émotion tout ensemble, et ne s’écartant jamais de la vérité par l’enthousiasme, s’exprimoit ainsi, au moment du renvoi de M. Necker, sur son caractère et sur sa conduite.

« On vient de nous dénoncer, Messieurs, la surprise faite à la religion d’un roi que nous chérissons, et l’atteinte portée aux espérances de la nation que nous représentons.

« Je ne répéterai point tout ce qui vous a été dit avec autant de justesse que d’énergie ; je vous présenterai un simple tableau, et je